mardi 17 août 2010

Völker hört die Signale

Le menuisier et la poussière de bois
( suite d'après Daniel Beniladit )

Dans le bas de l’escalier de l’immeuble de la rue de la Paix
où je viens visiter une des grandes bijouteries de luxe,
il y a de poussière partout, d’ailleurs cela me prend à la gorge et me fait tousser.
Un homme, jeune, une cinquantaine d’années : JULES

Jules était un personnage.
Notre génération avait alors tendance à croire que les campagnes électorales
se joueraient désormais essentiellement dans les médias.
Lui avait été formé à l'école d'une famille simple et forte,
à l'école d'agit-prop du parti communiste,
à une époque où on colportait l'Huma à bicyclette dans les villages.
Les adeptes du Tupperware et de la cage d'escalier n'ont rien inventé.
Jules ne parlait pas de militantisme de terrain.
Il appelait ça simplement "faire de la poussière".
Il nous recommandait de passer dans chaque hameau, dans chaque quartier,
de placarder sur la mairie ou le troquet du coin une ou deux affichettes annonçant une réunion publique.
Il ne viendrait que deux, trois ou six personnes.
Ce serait un début.
Il faudrait persévérer.
Il en viendrait le double la fois suivante.
Malgré des jambes malades qui lui rappelait le camp,
au lieu de prendre le bus, une fois par semaine,
Jules partait du local, un paquet de tracts sous le bras,
pour faire les boîtes aux lettres en rentrant chez lui à pied.
Il s'étonnait que les jeunes militants n'en fassent pas spontanément autant.
Ce n'était pourtant pas compliqué ! Une fois par semaine !
La "poussière" finirait bien par payer.
Dans la "bagarre des classes", chaque pouce de terrain compte !

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