mercredi 28 mars 2012

Völker hört die signale

LA BRIQUE

Numéro 31, Mars-avril 2012

BAYER SOIGNE LES ÂMES DE SES "FILS D'EICHMANN"

Schématisons.
Un groupe pharmaco-chimique comme Bayer se divise en deux branches :
l'une fabrique des épidémies, l'autre les soigne.
Et parmi elles, la mauvaise conscience de ses salariés.
Nous avons mis la main sur une plaquette présentant
une formation interne au groupe à destination de ses "collaborateurs"
qui se regarderaient avec peine dans une glace.
La domestication des cerveaux progresse.

prochainement :
l'article par petits morceaux.
( de manière à développer progressivement
sa capacité intellectuelle à se concentrer )

Le 14 mai 2009, Bayer Schering Pharma,
la branche "Santé" du groupe,
inaugure son siège à Loos, dans le parc Eurasanté.
La presse est en émoi.
Mme Aubry se déplace en personne pour parler
"ambitions et projets".
De ce débarquement de 330 cadres diplômés
qui vont consommer, envoyer leurs enfants à l'école
et se loger sur la métropole,
les élus en fristouillent de bonheur.
Deux ans plumard en 2011,
le réseau Alliances ( l'association est présidée par Philippe Vasseur, voir La brique n° 21 ),
organisateur du salon annuel World Wide Forum
à Lille, remet à l'entreprise le trophée
d'argent de l'Économie Responsable.
Bayer est récompensée pour son programme
d'"aide à la parentalité"
et sa crèche "interentreprises"
qui permettent à ses meilleurs "collaboratrices"
de rester dans son giron.

Malheureusement selon Bayer,
"nous évoluons dans un contexte de défiance envers les activités industrielles
qui touchent au vivant, au corps et à la nature"
Depuis la fin 2011, Bayer a donc mis en place
le programme de formation "Tam-Tam".
Il s'adresse aux salariés de l'entreprise
qui développent une "défiance"
à l'égard des activités de leur employeur,
afin de "clarifier ( avec eux leurs" ressentis
à l'égard de problématiques Bayer,
sensibles et médiatisées" :
" Quand même je me pose des questions sur certains sujets,
avoue un bonhomme en costard sur la plaquette,
je ne sais pas comment répondre clairement
quand on me les pose en famille,
chez des amis ou chez un client."
Et sa collègue de répondre :
" je ne vois pas ce qui te chiffonne,
Bayer est une entreprise responsable qui contrôle
les impacts de ses activités. Tu en doutes ?"
Entre cellule psychologique
et formation au mensonge - pardon,
au marketing.

De l'empoisonnement militaire
à l'empoisonnement civil
( ou inversement )

Que peut-on se reprocher
quand on travaille pour Bayer ?
La première fois que l'entreprise s'installe dans la région,
c'est en 1882 à Flers.
L'époque est aux colorants
pour l'industrie textile - colorants
dont les matières premières serviront
à fabriquer des explosifs
pendant la première boucherie mondiale.
En 1917 à Ypres,
sur la frontière franco-belge,
l'armée allemande utilise pour la première fois
le gaz moutarde, une invention de Bayer.
La guerre chimique et bactériologique
est déclarée.
Son inventeur, le Dr Fritz Haber,
reçoit le prix Nobel de chimie en 1920.
Pendant l'entre-deux-guerres,
les chercheurs de Bayer mettent au point
des gaz organophosphorés,
tantôt insecticides pour l'agriculture,
tantôt gaz sarin, tabun ou XV pour tuer des gens.
En 1956, Fritz Ter Meer
devient président de Bayer.
Huit ans plus tôt,
il était jugé par le tribunal de Nuremberg
pour des expériences médicales
assénées à des déportés d'Auschwitz
et jugé coupable de pillages, spoliation,
asservissement et meurtres de masse.
Pendant le second conflit mondial,
Bayer appartenait à IG-Farben,
le conglomérat allemand
qui produisait le Zylon B.
Voilà pour l'histoire militaire.

Au début des années 80 en Espagne,
une épidémie de "pneumonie atypique"
tue mille personnes
et en handicape 25 000 autres.
La cause ?
Probablement le Nemacur,
un pesticide commercialisé par Bayer
et utilisé dans la production de tomates.
La branche Bayer CropScience
est l'un des plus gros fabricants mondiaux de ces pesticides
mis en cause dans les maladies neurodégénératives
comme Alzheimer et Parkinson,
ou dans certains cancers
( estomac, prostate, vessie, cerveau, lèvres...)
Elle est aussi à la pointe
de la recherche génétique,
de la commercialisation de riz ou de soja OGM,
ou de la chimie contraceptive.
Au début de l'année 2012 aux États- Unis,
plus de 10 000 femmes portent plainte contre Bayer
pour les "effets secondaires"
provoqués par leurs pilules de
" quatrième génération" :
Yaz, Jasmine, et Jasminelle,
les plus vendues au monde.
Une centaine de femmes en seraient mortes
à la suite d'embolies pulmonaires, notamment.

Bayer ne devrait plus exister depuis longtemps.
Ses dirigeants,
à défaut de peine capitale,
devraient être envoyés de force
à la culture de patates bio sur des terres asséchées.
Mais Martine Aubry et les élus
s'en foutent.
Ils préfèrent se cacher derrière
les progrès supposés de la recherche médicale.
A Loos, Bayer Santé
collabore au programme
" Nutrition, Santé, Longévité"
financé par Lille Métropole
et l'agro-industrie dopée chimiquement :
Mc Cain, Bonduelle, les boulangeries Paul,
Oxylane-Mulliz, etc.
Ses recherches en cancérologie
et en imagerie médicale,
au chevet des malades du sang et du coeur,
montrent qu'ils sont les mieux placés
pour " soigner"
les épidémies qu'ils provoquent eux-mêmes.

Des traces de médiation scientifique
dans vos urines.

Avec la formation "Tam-Tam",
par ateliers de 15 à 20 personnes,
les salariés de Bayer sont invités à discuter
"pour se forger une opinion
sur les sujets sensibles liés aux activités de Bayer :
Peut-on faire confiance
à l'industrie pharmaceutique ?
Doit-on apprendre à se passer des pesticides ?
L'expérimentation animale est-elle justifiée ?
Les nanotechnologies : péril ou progrès ?
Les médicaments sont-ils bons pour la santé ?"

Pour mieux pétrir la conscience
de ses ouailles,
Bayer s'adjoint les conseils du groupe Traces,
hébergé par le Département d'études cognitives
de l'École Normale Supérieure de Paris.
Ses membres sont journalistes scientifiques
sortis de l'École Supérieure de Journalisme de Lille,
ou ingénieurs en physique, biologie, chimie.
Ils se cachent derrière
la neutralité pédagogique
de la "médiation scientifique"
pour mieux défendre les intérêts des industriels :
"Nous travaillons avec le Commissariat à l'énergie atomique,
avec des musées ( comme la cité des sciences ),
avec les animateurs scientifiques"
nous dit Mme Barrois,
chargée du projet "Tam-Tam"
au groupe Traces.
Ils se penchent sur les controverses scientifiques
qui peuvent avoir lieu dans la société civile" :
OGM, nanotechnologies, pesticides, médicaments...
Dernièrement,
leur président Richard-Emmanuel Eastes
a publié un livre intitulé
"Vers une agriculture choisie"
avec le concours de ...
Bayer, forcément.

Si la médiation scientifique
auprès du grand public- avec ses Fêtes de la Science
notamment - est depuis longtemps répandue,
Mme Barrois nous avoue qu'
" avec les salariés eux-mêmes, c'est très nouveau.
C'est une demande des entreprises.
Elles répondent à leurs salariés
qui vivent un certain mal-être."
Pour rendre le bourrage de crâne plus ludique,
Traces collabore
avec l'École Supérieure des Arts Décoratifs
de Strasbourg :
" On met en place des serious games
pour inviter les participants à débattre,
à comprendre pourquoi
ceux qui ne pensent pas comme nous,
ne pensent pas comme nous.
On débat avec les salariés
sur les raisons pour lesquelles
ils pourraient se faire attaquer à l'extérieur."

Pour que ce soit clair :
les salariés de Bayer
ne doivent souffrir d'aucun mal.
Avec leurs doutes et leurs remords,
ils continueront de faire
comme tout le monde.
Ils prendront chaque matin
leur voiture pour aller au travail,
se payer un pavillon
dans un lotissement propret,
aller à Chamonix une semaine par an,
faire leurs courses au marché du Vieux-Lille,
payer leur cotisation à la CFDT,
aller aux exposé de Lille 3000,
fabriquer des cancers,
et mourir le plus tard possible.

Merci tomjo, pour cet article
tu vas passer pour un passéiste et un dogmatique.
Alors chope un Apple Store en centre ville
et interroge direct sur la précarité du personnel.

ET PENDANT QUE LES DEUX AUTRES CINGLÉS
LOUENT DES SALLES DE 1 À 3 MILLIONS D'EUROS
POUR FAIRE DES MEETINGS,
le Front de Gauche se réunit sur les places :
Le Blog de René Revol

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