dimanche 30 janvier 2011

Völker hört die Signale

Valandré et la région de Monastir en Tunisie.

Pour mémoire :
Belcaire, quand la montagne nous gagne
15/04/2006
Belcaire, petit village du pays de Sault sur les contreforts des montagnes audoises est réputé pour ses grands espaces, sa nature préservée, ses pommes de terre…
mais pas seulement car depuis les années 80 l’entreprise Valandré, spécialisée dans la mise au point et la fabrication des vêtements techniques de haute montagne, s’est implantée au cœur des Pyrénées Cathares.

Fondée par l’ingénieur français André Vandeputte en 1980, cette marque connue dans le monde entier équipe tous les grands aventuriers qui tentent l’ascension des sommets les plus élevés ou tout simplement pour les amateurs de montagne ou de randonnée.

Le fondateur a travaillé en relation avec Maurice Barrard, président du club alpin français section himalayenne et le colonel Marnier, responsable du groupe militaire de haute-montagne basé à Chamonix ; il a mis au point un système de compartimentation du duvet avant-gardiste qui protège du froid jusqu’à des températures extrêmes allant de -5 à -30 degrés.

C’est en 1982 que la production, installée jusqu’alors dans les Alpes, est transférée à Belcaire dans une usine de 500m2. La disparition tragique du fondateur de Valandré laisse l’entreprise dans une situation désastreuse.

En 1994, le danois Niels-Henrik Friisbol la sauve in-extrémis.
Ce passionné de montagne, alpiniste confirmé, a vécu pendant quinze ans à Chamonix et a voyagé sur tous les continents. Il procède à une complète restructuration de la société et des produits, concentrant tous ses efforts sur l’intégration d’une nouvelle technologie.

Le pari est gagné : lors du salon SIG de Grenoble à l’automne 97, Valandré introduit les premiers sacs de couchage à coupe différentielle micro light ; en 2000 c’est la commercialisation du célèbre « Lafayette », élu meilleur produit de l’année 2001 par la presse spécialisée.

L’entreprise est remise sur les rails et avance avec une croissance soutenue. Mais le textile y compris dans cette branche bien spécifique est touché par la crise: en 2005, le fournisseur de tissus de Valandré, une société anglaise, dépose son bilan et supprime 260 emplois.
Le fabricant de Belcaire frôle alors la cessation de paiement. Pour éviter le dépôt de bilan, une partie du personnel est licencié.

AriegeNews: Votre entreprise vient de supprimer des emplois à Belcaire…
Niels-Henrik Friisbol: L’entreprise doit dépasser le stade artisanal et passer l’étape de l’industrialisation. Pour rester compétitif, la recette est la même dans toutes les branches de l’économie: la délocalisation de certains postes de travail dans la région de Monastir s’impose.

AriegeNews: Mais pourquoi délocaliser en Tunisie ?
Niels-Henrik Friisbol: Il ne faut pas rêver, dans le textile n’importe qui peut faire marcher une machine à coudre et produire … même en suivant un cahier des charges extrêmement précis et rigoureux. Ce n’est jamais de gaîté de cœur mais quand il s’agit de la survie de son entreprise, il faut procéder à des choix douloureux. Si l’on reste en France, on travaille de manière artisanale, pour être compétitif, il faut s’industrialiser et la phase d’industrialisation se fera en créant une production réaliste qui ne peut s’envisager à l’heure actuelle que dans un pays du Maghreb.

AriegeNews: Comment expliquez-vous cette hémorragie du textile français vers les pays du Maghreb ?
Niels-Henrik Friisbol: Les accords Euro-Méditerranéens impulsés notamment par le gouvernement français pour stabiliser entre autre la montée de l’intégrisme religieux chez nos voisins marocains, algériens ou tunisiens, permettent aux entreprises européennes de créer des usines off-shore, elles bénéficient de conditions plus favorables d’installation et emploient une main d’œuvre locale certes meilleur marché mais tout aussi qualifiée. La couturière-chef de Valandré n’a pas hésité à déménager avec mari et enfants pour former les autres employées tunisiennes. De plus dans le bassin de Monastir à forte dominante textile, tous les sous-traitants sont regroupés à quelques encablures de l’usine ce qui facilite la réactivité dans le travail. Ainsi quand une machine tombe en panne elle est réparée dans la journée /…/
Là-bas ce n’est pas un luxe de faire du travail bien fait: quand il faut une troisième couture sur une manche, ce sera une demi-heure de travail de plus que l’on pourra payer.

AriegeNews: Vous venez de licencier du personnel et pourtant vous allez sortir une nouvelle collection, c’est un peu paradoxal non ?
Niels-Henrik Friisbol: Au lieu de subir cette restructuration, j’ai décidé de tout repenser, de dépoussiérer l’image vieillotte de Valandré et de lui faire réaliser un virage à 90 degrés. Je travaille avec un designer du Colorado qui sort une gamme de coloris pastels plus recherchés qui viennent remplacer les coloris «lego » des précédentes collections. Les coupes sont également revues, plus fantaisie, plus mode, plus féminines. Les clientes sont plus exigeantes, elles veulent faire du sport tout en restant dans le coup. La nouvelle collection Valandré est techniquement tout aussi performante mais beaucoup plus tendance et sportswear .La finition individuelle de chaque compartiment, c’est-à-dire de chaque « caisson » contenant le duvet d’oie ou de canard, est taillé pour épouser la forme du corps.
La société tunisienne Vétigraph, spécialiste en « computer design » qui emploie stylistes et modélistes formés dans les plus grandes écoles, vient de réaliser sur mes indications deux produits révolutionnaires qui complèteront cette nouvelle gamme présentée à l’automne prochain à Salt Lake City. Ce changement d’image se répercute aussi dans la refonte du logo. Et c’est à Greg Adamo que l’on doit la toute récente (elle n’a que quelques jours) représentation graphique de la marque, beaucoup plus dynamique et moderne. Un nouveau site web sera également en ligne, le mois prochain pour présenter les nouveautés du catalogue.

AriegeNews: Comment envisagez-vous l’avenir de l’usine de Belcaire ?
Niels-Henrik Friisbol:Je suis optimiste pour l’avenir, non seulement l’unité de Belcaire va revenir dans la compétition (elle conserve actuellement certaines structures : l’administration, le commercial, le remplissage et les finitions) mais dès à présent le budget de publicité est triplé et j’embauche à la mi-mai un directeur commercial pour réaliser une politique des ventes plus offensive. L’entreprise doit se repositionner, il n’y a pas vraiment de concurrents dans une telle gamme de produits mais il est important de pouvoir s’adapter aux gros marchés en restant compétitif et irréprochable au niveau de la qualité.

Après le Japon (Valandré est distribué par ICI), l’Europe, la Corée, l’entreprise Belcairoise s’attaque désormais aux Etats-Unis…

Valandré
Grande Versane
11340 Belcaire
Tél : 04 68 20 37 15

Propos recueillis par Laurence Cabrol

LE FILM DU DIMANCHE SOIR

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire